Monastère des Bénédictines de Koubri

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La Règle de saint Benoît (extraits)

Chapitre 33 : SI LES MOINES DOIVENT AVOIR QUELQUE CHOSE EN PROPRE

Avant tout, il faut retrancher du monastère jusqu'à la racine ce vice de la propriété. Que personne n'ait donc la témérité de rien donner ou recevoir sans l'autorisation de l'abbé ; ni de rien posséder en propre, quoi que ce puisse être, ni livres, ni tablettes, ni stylet pour écrire, en un mot absolument rien...

Ils doivent espérer et attendre du père du monastère tout ce qui leur est nécessaire. Et personne ne pourra avoir quelque chose que l'abbé n'ait donné ou permis. Que tout soit commun à tous, ainsi qu'il est écrit. Que personne ne dise que quelque chose lui appartient, ni n'ait la témérité de se l'approprier (Ac 4,32). Si quelqu'un se complaisait en ce vice détestable, on l'admonesterait une et deux fois ; s'il ne s'amendait pas, on le corrigerait.

Chapitre 34 : SI TOUS DOIVENT RECEVOIR EGALEMENT LE NÉCESSAIRE

Comme il est écrit : "On partageait à chacun selon ses besoins." (Ac 4,35)  

Par là, nous ne disons point qu'on fasse acception des personnes - ce qu'à Dieu ne plaise - mais qu'on ait égard aux infirmités.

Celui qui aura besoin de moins, rendra grâces à Dieu et ne s'attristera point ; celui à qui il faut davantage, s'humiliera et ne s'élèvera point à cause de la miséricorde qu'on lui fait.

Ainsi tous les membres seront en paix.

Avant tout, que jamais n'apparaisse le vice du murmure, pour quelque raison que ce soit, ni en paroles, ni en un signe quelconque.

Si quelqu'un est reconnu coupable, il sera soumis à une correction sévère.

Chapitre 20 : LA RÉVÉRENCE DANS LA PRIÈRE

Lorsque nous avons une requête à faire aux puissants de la terre, nous n'osons le faire qu'avec humilité et respect. A plus forte raison faut-il supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et pure dévotion. Sachons bien que ce n'est pas l'abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la componction qui nous obtiendront d'être exaucés. La prière doit donc être brève et pure, à moins que peut-être la grâce de l'inspiration divine ne nous incline à la prolonger. Mais en communauté, la prière sera très courte, et, sur le signal du supérieur, tous se lèveront en même temps.

Chapitre 45 : CEUX QUI SE TROMPENT A L'ORATOIRE

Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère : c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence.

Chapitre 36 : LES FRÈRES MALADES

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout. On les servira comme s'ils étaient le Christ en personne, puisqu'il a dit : "J'ai été malade et vous m'avez visité" (Mt 25,36),  et "ce que vous avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mt 25,40) De leur côté, les malades considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert. Aussi ils ne mécontenteront pas par des exigences superflues les frères qui les servent. Éventuellement, il faudrait cependant les supporter avec patience, parce qu'il en revient plus de mérite. L'abbé veillera donc avec un très grand soin à ce que les malades ne souffrent d'aucune négligence.

Chapitre 38 : LE LECTEUR DE SEMAINE [la façon de manger]

La lecture ne doit jamais manquer à la table des frères. Il ne faut pas que, au hasard, quelqu'un s'empare du livre et fasse la lecture ; mais un lecteur désigné pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche. Avant de commencer sa semaine, après la Messe et la Communion, il demandera à toute la communauté de prier pour lui afin que Dieu le préserve de l'esprit d'orgueil. A cet effet, tous diront trois fois dans l'oratoire ce verset après lui : "Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange." (Ps 50,17)  Et ayant ainsi reçu la bénédiction, il entrera en fonction.

On gardera un silence parfait à table en sorte qu'on n'y entende aucun chuchotement ni parole, mais seulement la voix du lecteur. Quant aux choses nécessaires pour la nourriture et la boisson, les frères se les serviront mutuellement de façon que personne n'ait besoin de rien demander. Si toutefois il leur manque quelque chose, ils le demanderont plutôt par quelque signe que par la parole. Que personne n'ait la hardiesse de faire à ce moment des questions sur la lecture ou sur quelque autre sujet, pour ne donner aucun prétexte à la dissipation. Toutefois le supérieur pourra dire quelques mots pour l'édification, s'il le juge à propos.

 Le lecteur de semaine prendra le "mixte" (Le mixte consistait probablement en du vin "mêlé d'eau, suivant l'usage des Romains. Cette boisson, accordée au lecteur pour le soutenir, tenait aussi lieu d'ablution, empêchant qu'aucune parcelle eucharistique ne restât dans la bouche) avant de commencer la lecture, à cause de la sainte Communion, et de peur que le jeûne ne lui soit pénible. La lecture finie, il prendra son repas avec les semainiers et les serviteurs de la cuisine. Au reste, les frères ne liront et ne chanteront point chacun à son tour, mais ceux-là seulement qui édifient les auditeurs.

Chapitre 72 : LE BON ZELE QUE DOIVENT AVOIR LES MOINES

 Il est un mauvais zèle, un zèle amer, qui sépare de Dieu et mène à l'enfer.

 De même, il est un bon zèle qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle.

 C'est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent amour :

ils s'honoreront mutuellement avec prévenance ; (allusion Rm 12,10)  

ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d'autrui, tant physiques que morales ;

ils s'obéiront à l'envi ;

nul ne recherchera ce qu'il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l'est pour autrui ;

ils s'accorderont une chaste charité fraternelle ;

ils craindront Dieu avec amour ;

ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ;

ils ne préfèreront absolument rien au Christ ;

qu'Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !

Chapitre 73 : TOUTE LA PRATIQUE DE LA JUSTICE N'EST PAS CONTENUE DANS CETTE RÈGLE

Cette Règle, que nous venons d'écrire, il suffira de l'observer dans les monastères pour faire preuve d'une certaine rectitude morale et d'un commencement de vie monastique. Quant à celui qui aspire à la vie parfaite, il a les enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l'homme jusqu'aux sommets de la perfection. Est-il, en effet, une page, est-il une parole d'autorité divine, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une règle toute droite pour la conduite de notre vie ? Ou encore, quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin pour parvenir à notre Créateur ? Et de même, les Conférences des Pères, leurs Institutions et leurs, ainsi que la Règle de notre Père saint Basile, sont-elles autre chose que des instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants ?

Il y a là pour nous, relâchés, inobservants et négligents, de quoi rougir de confusion. Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les débutants. Cela fait, tu parviendras avec la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.