Ce qui a démarqué Saint Benoît des autres moines de son temps

Ce qui a distingué Saint Benoît des moines de son temps c'est la sainteté de sa vie soutenue par le grand équilibre de sa doctrine dénotant une profonde sagesse et un  réalisme. Saint Benoît est plein de respect pour l'homme, attentif et délicat. Tout en étant exigeant et rigoureux dans l'organisation de la vie de chaque jour, il est soucieux des plus faibles, des malades et des pauvres. Dans le chapitre « Du bon zèle qui doit brûler le cœur du moine » il écrit : « Les frères s'honoreront mutuellement de leurs prévenances, ils supporteront avec une grande patience les infirmités des autres, tant celles du corps que celles de l'esprit. Ils s'obéiront à l'envi les uns aux autres » RB 72, 5-6.

C'est par cette invitation pleine de tendresse que s'ouvre la Règle : « Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître, prête l'oreille de ton cœur. Reçois volontiers l'enseignement d'un si bon père… » (RB, Prol. 1). Et « l'Abbé témoignera à chacun une égale charité » (RB 2,22).  Et encore « L'Abbé veillera avec très grand soin à ce que les malades ne souffrent d'aucune négligence » (RB 36,6). Parlant du travail manuel par lequel les moines doivent gagner leur vie, saint Benoît dit : « Que tout néanmoins se fasse avec modération par égard pour les faibles » (RB 48,9). Et plus loin dans le même chapitre, parlant du devoir de la lecture « quant aux frères infirmes ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier … sans les accabler ni les porter à se dérober. « L'Abbé doit avoir leur faiblesse en considération » (RB 48,25).

Cette prise en compte de la personne et de ses besoins, la prise en compte également de la réalité des êtres et des choses ont donné à la Règle de saint Benoît un équilibre qu'on nomme « discretio, discrétion » et qui a permis qu'elle traverse les siècles en gardant toute sa vigueur, contrairement à d'autres Règles qui n'ont pu tenir face aux défis des temps et des lieux.