L'autre géant du monachisme : saint Benoît
Saint Benoît, le fondateur de l'ordre des bénédictins est né vers l'an 480 à Nursie (Italie), mort en l'an 547. C'est lui qui développa le monachisme en Europe. Laissons le Pape saint Grégoire le grand (540-604) nous parler de lui.
Jeunesse
Il y eut un homme de sainte vie, Benoît, béni par la grâce et par le nom. Dès le temps de sa jeunesse, il portait en lui un cœur digne de celui d'un vieillard : dépassant son âge par ses mœurs, il ne livra son âme à aucune jouissance, mais alors qu'il vivait encore sur cette terre et qu'il avait la possibilité d'en user librement pour un temps.
Ayant donc abandonné l'étude des lettres, il avait décidé de gagner le désert, et sa nourrice qui l'aimait passionnément fut seule à le suivre. Comme ils étaient arrivés à un endroit qu'on appelle Effide et que plusieurs personnages fort honorables les retenaient charitablement, ils séjournèrent dans l'église saint Pierre. La dite nourrice ayant demandé à ses voisines un crible [récipient] pour purifier le grain, elle le laissa imprudemment sur la table : il vint à tomber, se brisa, et le voilà en deux morceaux ! A son retour, dès qu'elle le vit dans cet état, la nourrice se mit à pleurer à chaudes larmes en voyant que le crible qu'elle avait emprunté était maintenant brisé.
C'est alors que Benoît, qui était un enfant religieux et dévoué, voyant sa nourrice en larmes, fut ému de compassion : il emporta les morceaux du crible et se mit à prier en pleurant. Sa prière achevée, il se releva et découvrit à ses côtés le vase en bon état au point qu'on ne pouvait y voir aucune trace de l'accident. Alors aussitôt, il consola sa nourrice avec tendresse et lui remit en bon état le crible qu'il avait emporté en morceaux. La chose fut connue de tout le monde dans le pays et elle suscita une telle admiration que les gens du coin accrochèrent l'objet à l'entrée de l'église afin que tous, présents et à venir, apprennent à quel degré de perfection se trouvait le jeune Benoît, à peine avait-il reçu la grâce de conversion.
Pendant bien des années, l'objet demeura là, sous les yeux de tous, suspendu à l'entrée de l'église, et cela jusqu'à l'époque des Lombards. Mais Benoît, plus désireux de souffrir les maux du monde que ses louanges, de se fatiguer dans les travaux de Dieu plus que d'être promu aux faveurs de cette vie, quitta sa nourrice en secret et gagna une retraite située dans un lieu désert appelé Subiaco à quelques 40 milles de Rome : de là émanent des eaux fraîches et transparentes lesquelles, grâce à leur abondance, forment au début un grand lac qui, à la fin, poursuivent leur chemin en rivière.
Alors que dans sa fuite, il était parvenu à cet endroit, un certain moine, du nom de Romain le découvrit en train de marcher et lui demanda où il allait. Ayant pris connaissance de son désir, d'une part il garda le secret, d'autre part il lui accorda son aide, lui donnant l'habit de sainte vie et lui rendit tous les services qu'il était en droit de lui rendre. Parvenu à ce lieu, l'homme de Dieu, quant à lui, gagna une grotte très exiguë où, pendant trois ans, il demeura inconnu des hommes, à l'exception du moine Romain.
A la même époque également, des bergers aussi le trouvèrent, se cachant dans la grotte, et comme ils le voyaient couvert de peaux au milieu des fourrés, ils crurent que c'était une bête féroce. Mais ayant reconnu en lui un serviteur de Dieu, beaucoup d'entre eux passèrent d'une mentalité bestiale à la grâce de la piété. C'est pourquoi son nom fut connu dans tout le voisinage, et il advint qu'à partir de ce moment-là, beaucoup se mirent à le fréquenter : on lui apportait de la nourriture pour le corps, et on remportait, sortis de sa bouche, des aliments pour son propre cœur.
Le vase de verre brisé par un signe de Croix
Non loin de là était un monastère : le Père de la communauté venant à mourir, toute la communauté se rendit auprès du vénérable Benoît, lui faisant un devoir de se mettre à leur tête, lequel pendant longtemps différa de leur donner satisfaction en leur opposant son refus et en leur prédisant qu'il ne pourrait s'accommoder de leurs mœurs ni de celles de leurs frères ; mais un jour enfin, vaincu par leurs prières, il leur donna son assentiment.
Néanmoins, comme il prenait garde à la vie régulière dans le monastère et qu'il n'accordait licence à personne comme auparavant de poser des actes illicites en déviant à droite ou à gauche du droit chemin, les frères ainsi repris, devenus fous de colère, commencèrent à se faire des reproches mutuels parce qu'ils avaient demandé que cet homme soit à leur tête, car il était clair que leur vie tordue venait buter contre ses normes de droiture. Et comme ils voyaient qu'avec lui l'illicite n'était plus licite, qu'ils s'affligeaient d'abandonner leurs habitudes et qu'enfin il était dur pour un esprit vieilli d'être contraint d'envisager la nouveauté, car la vie des bons est toujours un poids pour les dépravés, ils s'appliquèrent à rechercher ensemble un bon moyen pour le faire mourir.
Lesquels, ayant tenu conseil, mélangèrent du poison au vin. Et comme le récipient de verre contenant ce funeste breuvage avait été présenté au père qui se mettait à table afin qu'il le bénisse selon la coutume du monastère, Benoît étendant la main fit un signe de croix et le récipient qui était tenu à distance se brisa à ce signe : le vase de la mort fut mis en pièces comme s'il avait reçu une pierre au lieu du signe de croix. Benoît comprit tout de suite qu'il avait contenu un breuvage de mort puisqu'il n'avait pu supporter le breuvage de vie, et, se levant aussitôt, avec un visage placide et un esprit tranquille, il s'adressa aux frères qu'il avait convoqués en leur disant : "Que le Dieu Tout-puissant ait pitié de vous, frères ! Pourquoi avez-vous essayé de perpétrer une telle chose à mon endroit ? Ne vous avais-je pas dit dès le début que vos mœurs ne pourraient s'accommoder avec les miennes ? Allez donc et trouvez-vous un père selon vos mœurs, car après cela, vous ne pouvez plus du tout compter sur moi."
Il revint alors au lieu de sa chère solitude et, seul sous le regard de Celui qui voit d'en-haut, il habita avec lui-même. Rapidement, quelques nobles et pieuses personnes de la ville de Rome se mirent à converger aussi vers Benoît et à lui confier leurs fils pour qu'ils soient nourris sous les auspices du Seigneur Tout-puissant. C'est à ce moment-là qu'Euthicius confia son fils Maur et le patricien Tertullus, son fils Placide: des enfants pleins d'espoir. Le jeune Maur, déjà fort d'une bonne éducation, commença à être un auxiliaire pour son Maître, tandis que Placide avait encore l'âge et le tempérament d'un enfant.
Son disciple Maur marche sur les eaux
Un certain jour, alors que le même vénérable Benoît se tenait en cellule, ledit Placide, cet enfant attaché à la personne du saint homme, sortit pour puiser de l'eau dans le lac. Tenant son récipient, il eut un geste imprudent en le mettant dans l'eau, et entraîné par ce mouvement, il y tomba lui aussi. Aussitôt, le courant le saisit, l'éloigna du bord et le tira vers le large jusqu'à la distance d'un jet de flèche ! Or l'homme de Dieu, à l'intérieur de sa cellule, eut aussitôt conscience de ce qui s'était passé et appela Maur en toute hâte : "Frère, lui dit-il, cours ! L'enfant qui était allé puiser de l'eau est tombée dans le lac et le courant l'a déjà entraîné fort loin !"
Chose admirable et qui ne s'était pas reproduite depuis l'apôtre Pierre ! Voici : la bénédiction ayant été demandée et reçue, Maur, stimulé par l'ordre de son Père gagna cet endroit et, se croyant toujours sur la terre ferme, il continua sa course sur l'eau jusqu'à l'endroit où l'enfant avait été emporté par le courant : il le saisit par les cheveux et revint toujours en courant. A peine eut-il touché terre et repris ses esprits qu'il jeta un regard derrière lui et voici que, ce qu'il n'aurait jamais cru possible, étonné et tout tremblant, il le voyait accompli !
De retour chez le Père, il lui rendit compte de cet exploit. Le vénérable homme de Dieu, Benoît, lui, se mit à attribuer la chose non à ses propres mérites mais à l'obéissance de son disciple. Maur, au contraire, disait que c'était dû uniquement à son ordre : il était bien conscient que cela ne venait pas de sa propre vertu puisqu'il avait agi inconsciemment. Mais voici que dans cet assaut d'humilité, réciproque et amical, l'enfant sauvé intervint comme arbitre. Car il disait : "Moi, lorsque j'étais retiré de l'eau, je voyais au-dessus de ma tête la melote du Père Abbé [Benoît], et j'avais conscience que c'était lui qui me conduisait hors de l'eau."
Les embûches de Florentius
Comme le feu de l'amour de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ devenait dans cette région, toujours plus fort, toujours plus étendu, comme beaucoup quittaient la vie du siècle et se mettaient sous le joug du Rédempteur, comme, d'autre part, il est courant que les méchants jalousent le bien spirituel des autres, sans vouloir le posséder eux-mêmes, un prêtre de l'église voisine, du nom de Florentius, aïeul de notre sous-diacre Florentius, atteint par la malice de l'antique ennemi, se mit à envier les vaillantes entreprises du saint homme, à vilipender son genre de vie et à barrer la route, autant qu'il le pouvait, à ceux qui venaient le visiter.
Puis, voyant qu'il ne pouvait entraver la carrière d'un tel homme, que la renommée de sa vie prenait de l'ampleur, et que sans cesse de nombreux sujets se sentaient appelés à un genre de vie meilleure au seul bruit de ses louanges, les ardeurs de l'envie le consumaient toujours davantage et le rendaient d'autant plus méchant : Les louanges de cette sainte vie, il aurait aimé les recevoir, certes, mais mener une vie digne de louanges, il ne le voulait pas ! Cette jalousie ténébreuse l'aveugla à un tel point qu'il fit parvenir au serviteur du Dieu Tout-puissant un pain farci de poison sous couleur d'offrande bénite ! L'homme de Dieu le reçut avec action de grâce, mais la peste que recelait ce pain n'eut pas de secret pour lui.
Or, à l'heure de sa réfection, un corbeau avait coutume de venir de la forêt voisine pour prendre du pain dans sa main. Comme il arrivait donc, selon son habitude, l'homme de Dieu jeta devant lui le pain que le prêtre lui avait fait parvenir et il lui donna cet ordre : "Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, prends-moi ce pain et jette-le dans un endroit tel qu'aucun homme ne puisse le retrouver". Alors, ouvrant la bouche, étendant les ailes, le corbeau se mit à sautiller autour du pain et à émettre de petits croassements comme s'il lui disait en clair qu'il voulait bien lui obéir, mais qu'il ne pouvait accomplir cet ordre. Alors l'homme de Dieu, revenant à la charge lui dit à plusieurs reprises : "Pars, Pars, sois tranquille, jette-moi ça dans un endroit impossible à trouver". Après de longues hésitations, le corbeau se résolut enfin à le prendre dans son bec, il s'envola et s'éloigna. Après un laps de temps de trois heures, le pain ayant été jeté, il revint, et l'homme de Dieu lui donna dans la main sa pitance accoutumée.
Or le vénérable Père voyant que ce prêtre brûlait dans son cœur du désir d'attenter à sa vie en éprouva une grande peine, plus pour celui-ci d'ailleurs que pour lui-même. Mais le dit Florentius, voyant qu'il ne pouvait supprimer physiquement le Maître, s'enflamma du désir d'éteindre la vie dans l'âme de ses disciples : c'est ainsi que dans le jardin de la "cella" où résidait Benoît, il leur mit sous les yeux sept filles nues chargées de faire une grande farandole en se tenant la main, allumant ainsi dans leur cœur un désir pervers.
Ce que voyant depuis la "cella", et redoutant la chute de ses disciples dont l'âge était encore tendre, comprenant bien d'autre part que tout cela n'était fait que dans le seul but de le persécuter, lui, il céda à une telle jalousie, mit en ordre tous les oratoires qu'il avait bâtis en les plaçant sous l'autorité d'un préposé et en y adjoignant des frères, puis en prenant avec lui un petit nombre de moines, il changea son lieu de résidence.
Aussitôt que l'homme de Dieu se fut effacé par humilité devant les procédés de cet homme, le Dieu Tout-puissant frappa celui-ci de façon terrible. En effet, comme ledit prêtre, debout sur son balcon, voyait s'éloigner Benoît et sautait de joie, et alors que tout le reste de la maison restait parfaitement immobile, le balcon sur lequel il se trouvait tomba et l'écrasa dans sa chute : ainsi s'éteignit l'ennemi de Benoît.
Le disciple de l'homme de Dieu, appelé Maur, jugea qu'il fallait tout de suite annoncer la chose au Père Benoît, lequel n'était encore qu'à une distance de 10 milles. Il lui dit: "Reviens ! Car le prêtre qui te persécutait s'est éteint !" En entendant cela, l'homme de Dieu Benoît se livra à de grandes lamentations, tant pour la mort de son ennemi que pour l'exultation de son disciple devant la mort de cet ennemi. Il s'ensuivit qu'à son disciple aussi il infligea une pénitence parce qu'en lui annonçant une telle nouvelle, il avait osé se réjouir de la mort d'un ennemi.
Saint Benoît s'installe au mont Cassin
En émigrant ailleurs, le saint homme a changé de lieu mais pas d'ennemi. En effet, il eut à supporter par la suite des combats d'autant plus graves qu'il se trouva affronté directement au maître de la malice en personne. Voici les faits : le village fortifié appelé Cassin est situé sur les côtés d'un mont élevé dont le flanc s'élargit pour recevoir ledit village, mais ensuite, sur une distance de 3 milles, il prend de la hauteur et son sommet atteint pour ainsi dire les nuées : il y avait là un très ancien lieu de culte dans lequel, suivant une coutume héritée des païens de jadis, Apollon était vénéré par un peuple stupide de rustres. Et tout autour avaient poussé des bois sacrés dans lesquels une masse abrutie d'infidèles s'appliquait, avec force transpiration, à offrir des sacrifices sacrilèges.
Arrivant donc à cet endroit, l'homme de Dieu brisa l'idole, culbuta l'autel, coupa les bois sacrés à la base et dans le temple d'Apollon lui-même, il construisit un petit oratoire dédié à saint Martin. De plus, là où se trouvait l'autel du même Apollon, il construisit un petit oratoire à saint Jean. Quant à la multitude qui habitait alentour, par de continuelles prédications, il l'invitait à la foi.
Le ciel vient au secours de sainte Scholastique pour empêcher saint Benoît d'interrompre un entretien
Sa sœur, qui s'appelait Scholastique, consacrée au Dieu tout-puissant depuis sa plus tendre enfance, avait pris l'habitude de venir vers lui une fois par an et l'homme de Dieu descendait vers elle, au-delà de la porte, mais pas loin, dans la propriété du monastère. Or, un certain jour, elle vint comme à l'accoutumée et son vénérable frère, accompagné de ses disciples, vint vers elle. Ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et dans de saints entretiens et, tandis que les ténèbres de la nuit commençaient à s'étendre sur la terre, ils prirent ensemble leur nourriture. Comme ils étaient encore à table et que leurs saints entretiens se prolongeaient, l'heure se faisant plus tardive, la sainte moniale, sa sœur, lui fit cette demande : "Je t'en prie, ne me laisse pas cette nuit, mais reste jusqu'au matin pour que nous puissions parler encore des délices de la vie céleste. Il lui répondit : "Que dis-tu là, ma sœur ? Passer la nuit hors de la cellule ! Je ne le puis nullement."
Or la sérénité du ciel était telle qu'aucun nuage n'apparaissait dans les airs, mais la sainte femme de moniale, après avoir entendu les paroles négatives de son frère, joignit ses doigts, posa les mains sur la table et elle s'inclina, la tête dans les mains, pour prier le Seigneur Tout-puissant. Comme elle relevait la tête de dessus la table, éclairs et tonnerre éclatèrent avec une telle force et l'inondation fut telle que ni le vénérable Benoît, ni les frères qui l'accompagnaient ne purent mettre le pied dehors et franchir le seuil du lieu où ils siégeaient. C'est que voilà ! La sainte moniale, en inclinant la tête dans ses mains, avait répandu sur la table des fleuves de larmes qui, dans un ciel serein, avaient attiré la pluie. Et ce n'est pas un peu plus tard, après la prière, que l'inondation s'ensuivit mais il y eut une telle concomitance entre prière et inondation qu'elle leva la tête de la table alors que le tonnerre éclatait déjà, à tel point que lever la tête et faire tomber la pluie, cela se produisit en un seul moment.
Alors, au milieu des éclairs, du tonnerre et de cette formidable inondation de pluie, voyant qu'il ne pouvait retourner au monastère, contrarié, il commença à se plaindre en disant : "Que le Dieu Tout-puissant te pardonne, ma sœur, qu'as-tu fait là ?" Elle lui répondit : " Eh bien, voilà ! Je t'ai prié et tu n'as pas voulu m'écouter. J'ai prié mon Seigneur et lui m'a entendue. Maintenant, si tu le peux, sors donc, abandonne-moi et retourne à ton monastère." Mais ne pouvant quitter l'abri du toit, lui qui n'avait pas voulu rester spontanément, demeura sur place malgré lui et ainsi se fit-il qu'ils passèrent toute la nuit à veiller et que dans un échange mutuel, ils se rassasièrent de saints entretiens sur la vie spirituelle.
Or, comme le lendemain, la vénérable femme retournait à sa propre cellule, l'homme de Dieu revint au monastère. Et voici que, trois jours après, étant en cellule, levant les yeux au ciel, il vit l'âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous la forme d'une colombe dans les secrets du ciel. Et lui, se réjouissant pour elle d'une si grande gloire, rendit grâce au Dieu Tout-puissant avec hymnes et louanges et il fit part de sa mort aux frères.
La Règle des moines
Cet homme de Dieu, entre tant de miracles par lesquels il a brillé dans le monde, n'a pas manqué de resplendir aussi par les paroles de son enseignement : en effet, il a écrit une Règle monastique qui l'emporte par son esprit de discernement et la clarté de son discours. Quelqu'un voudrait-il connaître plus à fond ses mœurs et sa vie : il pourra trouver dans ce code de la Règle tous les actes du Maître, car, en aucune façon, le saint homme n'aurait pu enseigner autre chose que ce qu'il vivait.
Sa sortie de ce monde et les signes qui l'accompagnent
Passons maintenant à l'année où il devait quitter cette vie : à tous il annonça le jour de sa mort, signifiant à tous ceux qui étaient présents qu'ils devaient tenir secret ce qu'ils avaient entendu et indiquant aux absents quel signe, et de quelle sorte, se produirait lorsque son âme sortirait de son corps.
Six jours avant son départ, il se fait ouvrir son tombeau. Peu après, il est pris d'accès de fièvre dont l'ardeur véhémente commence à l'accabler. Comme sa langueur s'aggravait de jour en jour, au sixième jour, il se fit porter par ses disciples à l'oratoire et là, il s'assura pour son départ en recevant le Corps et le Sang du Seigneur, puis, entouré de ses disciples qui soutenaient de leurs mains ses membres affaiblis, il rendit le dernier souffle en prononçant des paroles de prière.
Ce jour-là, deux de ses frères, l'un étant resté en sa cellule et l'autre se trouvant au loin, eurent la révélation d'une même et unique vision : ils virent qu'une voie recouverte de tissus précieux et illuminée de lampes innombrables, s'étendait de sa cellule jusqu'au ciel, empruntant un chemin tout droit, à l'Orient. Au sommet se tenait un homme brillant, majestueusement vêtu, qui leur demanda : "Cette voie que vous contemplez, de qui est-elle ?" Ils reconnurent qu'ils ne le savaient pas. Alors il leur dit : "C'est la voie par laquelle Benoît, le bien-aimé de Dieu, est monté au ciel." La mort du saint homme donc, les disciples présents la virent de leurs yeux tandis que les absents en eurent connaissance grâce au signe qui leur avait été prédit. Il fut enseveli dans l'Oratoire de Saint-Jean-Baptiste que lui-même avait construit sur les ruines de l'autel d'Apollon.
La médaille de saint Benoît
C.S.P.B. : Crux Sancti Patris Benedicti
Croix de notre Père Saint Benoît.
C.S.S.M.L. : Crux Sancta Sit Mihi Lux !
Que la Sainte Croix soit ma Lumière !
N.D.S.M.D. : Non Draco Sit Mihi Dux.
Que le démon ne soit pas mon chef.
V.R.S.N.S.M.V. : Vade Retro, Satana , Satana, Nunquam Suade Mihi Vana !
Arrière, Satan, ne me conseille jamais de vanités !
S.M.Q.L.I.V.B. : Sunt Mala Quae Libras, Ipse Venena Bibas !
Le breuvage que tu verses est le mal; bois toi-même ton venin !