Monastère des Bénédictines de Koubri

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Les « vœux monastiques » et les « vœux de religion »

Les moines et les moniales, à l'instar des religieux et des religieuses font des vœux.

D'abord : qu'est-ce qu'un vœu ? 

Un vœu c'est une promesse faite à quelqu'un. Pour le religieux ou la religieuse c'est une promesse faite à Dieu, un engagement pour mieux vivre sa vie chrétienne de Foi, d'Espérance et d'Amour et pour mieux vivre  les conseils évangéliques.

Dans le petit Larousse, le vœu est « une promesse faite à la divinité, d'accomplir un acte si elle exauce la demande qu'on lui adresse ou encore la promesse faite à la divinité d'une chose qu'on croit lui être agréable : vœu de pauvreté ». En parlant des vœux de religion il les qualifie « d'engagement dans l'état religieux ». Quant au petit Robert, il parle directement du vœu comme une « promesse faite à Dieu, un engagement religieux ».

Les trois vœux de religion (pauvreté, chasteté, obéissance) sont prononcés par quelqu'un qui « entre en religion ». Le vœu peut être également un engagement pris envers soi-même, une requête, une demande, une résolution ou tout simplement un souhait (les vœux de bonne année). Voici ce qu'en dit le Nouveau Code de Droit Canonique : 

« Le vœu, c'est-à-dire, la promesse délibérée et libre faite à Dieu d'un bien possible et meilleur, doit être accompli au titre de la vertu de religion »  (Canon 1191 § 1). 

Les vœux nous invitent à un retour à l'Évangile, pour contempler le Christ aimant, pauvre et obéissant qui nous ouvre le chemin des conseils évangéliques, par sa propre expérience, en tant que Fils de Dieu. Il s'agit de conformer notre vie à celle du Christ, le Frère aîné, venu nous apprendre à vivre sur terre en enfants de Dieu : « Nos vies toutes vouées à la pratique des conseils évangéliques, doivent être comme une mémoire vivante de la vie du Christ, un rappel constant de ce à quoi sont appelés tous les chrétiens » (Réflexion de Sr Martine Tapsoba, Religieuse de l'Assomption, actuellement Sup.Gén. lors d'une session Mater Christi, Formation pour la Vie Religieuse). 

Ensuite : qu'est-ce qu'un vœu monastique ? 

Toute personne et toute institution ont l'obligation de vivre l'unique LOI d'AMOUR, d'une manière qui convient à l'état de vie de chacun, avec ou sans vœux : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34).

Les vœux monastiques ont pour but d'aider les moines et les moniales à vivre leur vie chrétienne à fond, leur vie d'enfants de Dieu. Moines et moniales ont opté de suivre les conseils évangéliques dont nous avons parlé plus haut. 

Comment les vœux monastiques nous donnent de vivre parfaitement cette LOI d'AMOUR dans sa double dimension ? 

La Règle de notre Père saint Benoît nous donne la réponse dans la ligne de l'Évangile : Il faut écouter Dieu à travers sa Parole, l'Abbé, les frères, les événements, etc. : « Ecoute mon fils … », ainsi commence la Règle de saint Benoît (Prologue 1).

Ensuite, il faut pratiquer, vivre ce qu'on a compris dans l'écoute : « Accomplis … » (RB, chapitres 1 à 72). 

Et alors, arriver au but : « ...  Alors tu parviendras … » (RB, chapitre 73). 

Schématiquement c'est cela. Mais c'est un travail de longue haleine qui dure toute la vie et qui demande une conversion permanente des mœurs, une observance permanente des exigences monastiques. C'est le vœu qui contient tous les autres comme nous allons le montrer bientôt. 

La Vie Monastique est la première forme de vie religieuse dans l'Église. Elle est davantage une vie de famille à l'image de la première communauté chrétienne (Cf. Actes des Apôtres), une vie plus exigeante dans les relations interpersonnelles, l'union fraternelle. C'est la raison pour laquelle l'Abbé ou l'Abbesse sont en principe élus à vie. On ne change pas de père ni de mère dans une famille. 

Les vœux monastiques sont antérieurs aux vœux de religion de chasteté, de pauvreté et d'obéissance inclus dans le vœu de conversion. En assistant à une profession monastique, vous remarquerez la différence de formulation des vœux : 

• Pour les religieux en général : Chasteté, Pauvreté, Obéissance. 

• Pour les moines et moniales : Stabilité,  Conversion, Obéissance. 

Vous pouvez alors vous demander avec raison, pourquoi cette différence ? Cette différence correspond à la forme de vie de chacun. Le fond reste le même pour tous : il s'agit de se renoncer pour Celui qui nous a aimés le premier en se livrant pour nous, Jésus-Christ, le Fils Unique de Dieu.

Le concept des trois vœux de Pauvreté (non propriété personnelle), de Chasteté, et d'Obéissance est seulement apparu au XIIème siècle, bien après l'existence de la Vie monastique chrétienne qui est née dès le début du christianisme avec les ascètes chrétiens. C'est St Thomas d'Aquin qui fut le premier à penser théologiquement la doctrine des conseils évangéliques et peu à peu sa théologie s'est développée et a dominé jusqu'à en venir à remplacer la traditionnelle vision de la vie monastique avec son vœu essentiel de « CONVERSATIO MORUM = CONVERSION DES MŒURS ». Ce vœu essentiel s'est ensuite développé au cours de l'histoire et nous prononçons maintenant les vœux de conversion ou d'observance monastique, de stabilité et d'obéissance. 

Le conseil évangélique de chasteté

Des moniales de Koubri

Par le vœu de stabilité, le moine ou la moniale s'engage à demeurer fidèle à Dieu dans son monastère de profession. Par les vœux de conversion de sa vie (observance monastique) et d'obéissance, il s'engage à pratiquer les trois conseils évangéliques. Le conseil évangélique de chasteté comporte l'obligation de la continence parfaite dans le célibat. 

Etre moine ou moniale, c'est d'abord ne pas avoir de conjoint mais vivre seul(e) avec Dieu et en Dieu. C'est là que le moine ou la moniale retrouve tous les hommes qu'il a quittés. « Est moine, celui qui est séparé de tous mais uni à tous en Dieu » (Evagre le Pontique). C'est celui à qui Dieu suffit. « Ne rien préférer à l'Amour du Christ », dira St Benoît (RB, 4, 21).

La fécondité de sa vie se trouve en Dieu Lui-même : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul. S'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). L'amour est le fruit du célibat de la moniale. Son cœur, libre de toute attache, est uniquement tout au Seigneur sans partage (1 Co 7, 32-35). 

Tel est le sens du célibat du moine et de la moniale, le pourquoi elle ne se marie pas. C'est une grâce qu'on reçoit gratuitement sans aucun mérite de sa part.

Le conseil évangélique de pauvreté s'exprime dans une vie laborieuse et sobre qui comporte une renonciation totale aux biens personnels à la manière des premiers chrétiens : « La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun. Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin ; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins » (Ac 4, 32.34-35). 

« Ora et Labora » = « Prie et Travaille » est une des devises du moine. Le moine doit vivre du travail de ses mains et pourvoir aux besoins des pauvres qui frappent à la porte du monastère.

Le conseil évangélique de pauvreté

La pauvreté monastique consiste donc avant tout, non pas dans le dénuement, la misère, mais dans la désappropriation, c'est la dépendance en tout. Le moine « n'a même plus la libre disposition de son corps », dira saint Benoît. Le moine ou la moniale reçoit tout ce dont il a besoin de la communauté avec la permission de l'abbé ou de l'abbesse. Il a tout mais il n'a rien ni de lui-même ni pour lui-même. La lettre aux Hébreux rappelle l'importance de la pauvreté évangélique : « Quant à la bienfaisance et à la mise en commun des ressources, ne les oubliez pas, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir » (He 3, 16).

Le conseil évangélique d'obéissance

Le conseil évangélique d'obéissance demande à la moniale l'abandon de sa volonté à Dieu à travers l'Abbé ou l'Abbesse qui tient la place du Christ dans l'exercice de ses fonctions telles qu'elles sont définies dans les Déclarations. « Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte » (He 3, 17). L'obéissance monastique est très exigeante mais non infantile comme pensent certaines personnes. Elle demande une bonne dose de maturité humaine, psychologique et spirituelle. 

A la suite du Fils unique bien-aimé du Père qui, parce qu'il aime son Père, a fait sa volonté et non la sienne, jusqu'à la mort, la moniale veut aussi entrer dans la volonté de Dieu son Père, que ce soit dans la joie ou dans l'épreuve. Elle veut compléter ainsi dans son corps ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps qui est l'Église (Col 1, 24). 

 

C'est l'amour qui fait l'unité de tous ces vœux. C'est mue par son Amour pour le Christ qui l'a aimée le premier et s'est livré pour elle que la moniale vit ses vœux ! Et tout se tient : on ne peut vivre ou pratiquer l'un sans les autres.